Charte de Croyants en Liberté Moselle

Introduction
Dès son origine "Croyants en liberté Moselle" s'est efforcé de concilier sa fidélité au Christ et à son Église avec une attitude critique envers le fonctionnement actuel de l'institution. Ce devoir d'interpellation s'interdira toute polémique à l'encontre des personnes.
Situation actuelle
Relevons quelques faits marquants caractérisant notre époque:
- La pratique religieuse est en chute libre notamment dans les jeunes générations allergiques à tout ce qui est institution, donc à l'Église, l'institution par excellence.
- La pénurie de prêtres, l'élévation de leur âge moyen est un phénomène dont on ne mesure pas toutes les conséquences.
- Le message de l'Église ne passe plus dans une société sécularisée  dominée  par les moyens de communication modernes.
- Les "valeurs" ayant cours dans la société actuelle (liberté, démocratie, égalité pour les femmes etc.) semblent à beaucoup  fort éloignées  de celles défendues  par l'Église. On lui reproche  surtout sa rigidité doctrinale  spécialement  en matière morale ainsi que sa discrimination envers les femmes.
Pour un examen de conscience
S'il est bon que l'Église fasse repentance pour les fautes du passé il serait non moins utile pour elle de demander pardon à ses propres fidèles qu'elle a traités avec un manque total de charité chrétienne: prêtres-ouvriers, théologiens, divorcés- remariés etc... ceux et celles qu'elle a culpabilisé en méconnaissant les droits de la conscience. Et, nous aussi, nous avons à nous repentir de nos étroitesses de vues, de nos indifférences. Une contrition n'est sincère que si elle débouche sur un changement d'attitude qui ne peut être différé.
- Mettre fin à l'exclusion des divorcés remariés de bonne foi.
- Renoncer au lien obligatoire entre prêtrise et célibat ce qui permettrait l'ordination d'hommes mariés.
-  Renoncer  aux  interdits  en  matière  de  procréation  et  de  morale  sexuelle  en  reconnaissant  les  droits  de  la conscience. Consulter les laïcs et spécialement les femmes sur les sujets qui les concernent au premier chef.
Réformer les structures
Il faut cesser d'invoquer la Tradition qui est une réalité vivante pour bloquer toute évolution institutionnelle.  L'action de l'Esprit n'est pas l'apanage de la seule hiérarchie, le "sensus fidei" concerne l'ensemble des baptisés. Nous attendons des gestes concrets en faveur d'un oecuménisme mettant fin à la scandaleuse séparation des Eglises se réclamant du Christ, séparation qui nuit gravement à la crédibilité du message chrétien. L'obstacle majeur à la pleine communion des Eglises réside dans la conception que se font les catholiques du rôle attribué à l'Évêque de Rome.
La  structure  pyramidale  de  notre  Église,  son  excessive  centralisation  bureaucratique   illustrée  par  la  Curie  romaine constituent des survivances d'une époque révolue. Les effets pervers d'un tel système apparaissent dans le processus actuel de nomination des évêques ainsi que dans la gestion des carrières épiscopales calquée sur celle des préfets de la Rome impériale, ignorant les souhaits des églises locales.
Alors que Vatican II a rappelé que la collégialité et la synodalité sont des fondements de l'Eglise, comment se fait-il que leur réalisation avec des organes purement consultatifs n'offrent qu'une caricature de collégialité laquelle signifie participation de plusieurs aux prises de décision ? "Croyants en liberté" a plus d'une fois dénoncé le slogan disant que "l'Église n'est pas une démocratie".  Serait-elle pour autant une monarchie de droit divin? Les pratiques des premières Églises et celles des autres Églises chrétiennes devraient nous inciter à réviser nos pratiques actuelles.
En guise de conclusion
"Croyants en liberté Moselle", membre des Réseaux du Parvis, ne se rattache à aucun mouvement d’Eglise organisé mais ses membres ne se veulent pas extérieurs à l'Église. Ils partagent la foi en Jésus-Christ qui est leur ultime référence. L'Eglise n'est fidèle à son fondateur que si elle se laisse guider par l'Esprit et se met au service de tous les hommes et non au service d'elle-même. Elle surmontera sa crise actuelle si elle sait susciter des communautés vivantes. Nous sentons le danger, très actuel, d'un repli sur une spiritualité désincarnée en quête de recherche identitaire nostalgique d'une époque de chrétienté à jamais révolue.
Le Christ nous a confié ce monde-ci avec ses multiples déficiences. A nous de convertir le regard que nous portons sur lui. Plutôt que de nous lamenter, il nous faut œuvrer humblement pour promouvoir plus de justice et de fraternité.